JIF 2019 : Interview du Coordonnateur National du PNDP

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Publié initialement le 12 Mars 2019


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JIF 2019 : Interview du Coordonnateur National du PNDP

 MARIE MADELEINE NGA, Coordonnateur National du Programme National de DĂ©veloppement Participatif (PNDP), s'exprime dans le N°369 de DĂ©fis Actuels


Femme de tĂŞte et modèle de promotion des femmes dans l’administration, cette fonctionnaire est de celles qui croient que l’intĂ©gration des femmes connait de grands progrès grâce Ă  une rĂ©elle volontĂ© politique.   

Il y a quelques annĂ©es, on comptait du bout des doigts le nombre de femmes qui accĂ©daient Ă  des hautes fonctions publiques. Quelle est la situation actuelle des femmes dans l’administration publique ?    

Tout d’abord, je vous remercie d’avoir songĂ© Ă  ma modeste personne afin que nous Ă©changions ensemble sur la situation de la femme dans            l’administration camerounaise aujourd’hui, Ă  la faveur de la cĂ©lĂ©bration de la JournĂ©e Internationale de la Femme. J’en viens maintenant Ă  votre question pour marquer une diffĂ©rence entre deux administrations publiques : l’administration municipale dont je suis plus proche au quotidien et l’administration centrale. Dans le premier cas, il y a lieu d’observer que deux rĂ©gions des dix que compte notre pays n’enregistrent pas de femmes maires. Mais les huit autres rĂ©gions montrent la vitalitĂ© qui peut ĂŞtre associĂ©e Ă  la prĂ©sence de femmes compĂ©tentes, politiquement engagĂ©es et porteuses de vision, Ă  la tĂŞte de nos municipalitĂ©s. Il faut d’ailleurs saluer la remarquable ascension de Madame KETCHA Courtès CĂ©lestine, Maire de BagangtĂ© oĂą elle a laissĂ© ses marques et qui Ă  la suite de la  haute confiance du Chef de l’Etat, a Ă©tĂ© promue Ă  la tĂŞte du Ministère de l’Habitat et du DĂ©veloppement Urbain lors du dernier remaniement ministĂ©riel de janvier 2019. Je dois saluer Ă©galement, la sĂ©lection de la Commune d’Angosas dirigĂ©e par Madame TITSOL Anne Marie, Maire de ladite commune, primĂ©e lors du Guichet Performance 2018, comme meilleure commune en matière de gouvernance locale, dans la rĂ©gion de l’Est.

Quant Ă  l’administration centrale, je vous invite Ă  regarder le nombre et la qualitĂ© des femmes secrĂ©taires gĂ©nĂ©raux de ministères, sachant que le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral est le patron administratif du dĂ©partement ministĂ©riel. Je ne compte pas le nombre de directrices d’administrations centrales et de directrices gĂ©nĂ©rales de sociĂ©tĂ©s d’État : SNI, API, SRC, Sopecam, BC-PME, Bucrep, Mipromalo, Camtel, CSPH, CCAA...  A ce nombre, on pourrait ajouter la liste des coordonnatrices de projets et programmes mis en Ĺ“uvre dans notre pays. Par ailleurs, les dames ont connu une percĂ©e inĂ©dite dans la prĂ©fectorale, deux dames sont prĂ©fets, une dans le dĂ©partement  du Koung-Khi et l’autre dans le dĂ©partement de la MVILA. Des femmes sont colonelles d’armĂ©es ou commissaires divisionnaires. Les femmes sont reprĂ©sentĂ©es de plus en plus dans l’administration universitaire… Si Ă  tout cela, vous ajoutez les efforts pour tendre vers la paritĂ© au Parlement et dans les conseils municipaux, vous aurez un aperçu du chemin parcouru, qui laisse prĂ©sager un engagement vers davantage d’efforts.

 

Mais malgrĂ© tout, l’administration camerounaise n’est-elle pas très machiste ?       

Ce serait injuste de le dire ! En vĂ©ritĂ©, il faut considĂ©rer la situation de dĂ©part  oĂą les femmes n’avaient pas voix au chapitre, notamment dans les annĂ©es 60, pour mieux apprĂ©cier les Ă©volutions actuelles. Celles-ci rendent compte d’énormes progrès relevĂ©s par l’analyse des statistiques en 2019. Ces efforts procèdent, il faut le relever pour s'en fĂ©liciter, de l'orientation gouvernementale en la matière, dĂ©coulant elle-mĂŞme, de la volontĂ© du Chef de l'État, Son Excellence, Paul Biya, de promouvoir la femme camerounaise, notamment au vu de la percĂ©e fĂ©minine inĂ©dite dans la PrĂ©fectorale, l'ArmĂ©e et la Police. NĂ©anmoins, ces efforts demeurent perfectibles.      

Quels facteurs, selon vous, limitent la promotion des femmes dans l’administration ?    

Des particularismes socio-culturels susceptibles de constituer des tares, peuvent expliquer certaines situations. Je citais tout Ă  l’heure des rĂ©gions oĂą le poids des traditions relègue les femmes aux tâches et fonctions de back office tandis que le front office est rĂ©servĂ© aux hommes. De mĂŞme, on peut mettre en avant la situation inconfortable des jeunes filles, aussi bien en zone rurale que dans les villes, oĂą elles ne vont pas au bout de leurs Ă©tudes, parce que le mariage, les grossesses prĂ©coces et bien d’autres facteurs perturbent le parcours scolaire et acadĂ©mique qui pouvait leur permettre de prĂ©tendre Ă  des statuts plus valorisants.      

 

Comment expliquez-vous que dans le gouvernement, elles occupent rarement des postes de souverainetĂ© ?  

J’espère avoir la mĂŞme comprĂ©hension que vous de ce que vous appelez postes de souverainetĂ©. MĂŞme si le sentiment gĂ©nĂ©ral est de penser qu’il y a une injustice dans la composition des diffĂ©rents gouvernements depuis 1971 avec l’entrĂ©e au gouvernement de Delphine Tsanga comme ministre-adjoint de la SantĂ© publique et de la Population, il serait juste de souligner les avancĂ©es qualitatives, observĂ©es au cours des dernières dĂ©cennies. Mme Dorothy Njeuma a Ă©tĂ© vice-ministre de l’Education nationale en 1975. La nomination en 1983 de Mme Elisabeth Tankeu comme vice-ministre du Plan et de l’Industrie marque un tournant, surtout qu’elle devient dès 1988, ministre du Plan et de l’AmĂ©nagement du Territoire. Depuis lors, il y a eu Mesdames Yaou AĂŻssatou, Rose Zang Nguele, Isabelle Bassong, Catherine Eko Ngomba qui ont pavĂ© la voie pour d’autres femmes ministres et dans de nouveaux secteurs, que le Cameroun n’a cessĂ© de connaĂ®tre.   

La fixation sur les secteurs rĂ©galiens tels que la justice, la dĂ©fense, les relations extĂ©rieures, l’administration territoriale, ne devrait pas faire perdre de vue les avancĂ©es notĂ©es dans les hautes fonctions de notre pays. J’aime Ă  rappeler que c’est une femme qui dirige le non moins sensible ContrĂ´le SupĂ©rieur de l’Etat. Et, la cybercriminalitĂ© aujourd’hui, fait assurĂ©ment des Postes et TĂ©lĂ©communications un domaine de souverainetĂ©, pilotĂ© par l’emblĂ©matique Minette Libom Li Likeng.    

Pensez-vous que votre carrière puisse servir d’exemple aux femmes qui rêvent d’occuper des postes de responsabilité ?

Oui, je pense tout modestement que la carrière que j’ai eue dans la fonction publique et à la tête du PNDP peut être source d’inspiration pour les jeunes femmes qui aspirent à travailler dans l’administration publique comme dans le privé, mais aussi aux jeunes femmes cadres. Je vois deux raisons à cela : la première procède du constat qu’il est possible, par la force du travail, de bénéficier de la confiance renouvelée de sa hiérarchie ; la seconde démontre qu’il est possible de transmettre les valeurs que l’on défend aux équipes dont on a la responsabilité. Dans mon cas, ces valeurs ont pour nom : la performance, le respect de la hiérarchie ou la subordination, la bonne gouvernance et l’éthique, la fidélité ou la loyauté, l’esprit d’équipe et la crainte de Dieu.

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